Le Masters Sous Les Yeux de Romain Langasque

Pour vous donner un meilleur aperçu d’Augusta National et le Masters, nous avons posé quelques questions à Romain Langasque qui a participé à l’édition de l’année dernière en tant qu’amateur.

Qu’est-ce qui fait d’Augusta National un endroit si spécial?

Augusta National est un endroit fermé à (presque) tout le monde et même des personnes qui sont prêtes à mettre des fortunes sur la table pour y jouer sont refusées.

Je ne connaissais Augusta que par les retransmissions du Masters à la télévision. Je savais que c’est un parcours très spécial par ses greens, son atmosphère et son ambiance. Augusta est un endroit unique. J’en ai beaucoup parlé avec Victor Dubuisson qui a joué le Masters à deux reprises, ainsi qu’avec Grégory Havret et Thomas Levet qui ont déjà joué le tournoi.

En 2015 j’ai aussi eu le privilège de participer à l’Open Championship à St. Andrews, qui est sans doute un tournoi fantastique mais j’ai ressenti encore plus d’émotions à Augusta. Le Masters, c’est le tournoi au-dessus de tous les autres! C’est un rêve de gosse qui est devenu réalité.

Qu’est ce que tu as ressenti la première fois sur Magnolia Lane ?

Quand le gardien a ouvert le portail d’Augusta National pour la première fois j’avais le sentiment d’entrer dans autre univers. J’étais impressionné et c’était très émotionnel. Je pensais quand même que la ligne droite était plus longue mais c’est tellement mythique. Sur Magnolia Lane on s’aperçoit rapidement que tout est parfait et quand le club house est apparu au fond c’est clairement un moment qui va rester dans ma mémoire pour toujours.

En tant qu’amateur tu avais la possibilité de loger dans le Crow’s Nest (une pièce au sommet du clubhouse transformée en dortoir pour les amateurs qualifiés au Masters). Y-as-tu habité pendant le Masters ?

J’ai passé une seule nuit dans le Crow’s Nest suite à la soirée des amateurs le lundi soir pour l’expérience et la tradition. La nuit était mythique même si j’ai mal dormi à cause de la pression et du bruit. Le reste de la semaine, j’étais dans une des deux maisons que nous avons louées. On était en famille avec mes parents, des amis et ma copine. Beaucoup d’amateurs finalement n’y résident pas car ce lieu n’est pas idéal pour préparer le tournoi, c’est un petit dortoir avec six lits. Et comme je voulais faire un bon tournoi, je préférais me mettre dans de meilleures conditions.

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Quel est ton aperçu du parcours et quelle était ta stratégie ?

Le parcours est incroyable, spécialement les greens. Les fairways sont beaucoup plus larges que l’on peut le croire devant la télévision. Les mises en jeu ne sont pas super compliqués et j’ai tapé des drives sur presque tous les trous. Là où il faut surtout être très attentifs c’est pour les attaques de greens. Après le deuxième tour j’étais tellement content d’avoir passé le cut que le lendemain j’ai essayé d’attaquer tous les drapeaux. J’ai pris une grosse baffe. Parfois il vaut mieux avoir un putt de 8 mètres en monté qu’un putt de 2 mètres en descente. Il faut vraiment essayer de rester en-dessous du drapeau. Beaucoup de monde dit qu’Augusta exige de l’expérience. À la différence de St. Andrews que je connaissais, j’ai réussi à montrer qu’avec de bonnes reconnaissances et de la patience on peut le faire.

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Peux-tu nous décrire l’atmosphère pendant la semaine du Masters ?

L’atmosphère tout au long de la semaine du tournoi est impressionnante et pleine d’émotions. J’ai découvert le parcours d’Augusta le mercredi et le jeudi sans spectateurs. Ensuite, le vendredi et le samedi, j’ai posé mes clubs, « tranquillou ». Le dimanche, c’était enregistrement et entraînement. Et de nouveau reconnaissance, lundi et mardi.

Dès le lundi il y avait de nombreux spectateurs qui suivaient les tours d’entraînement et l’ambiance n’était plus la même et avait monté d’un cran. C’est sûr que le départ du 1 est particulier vue la masse de gens qui s’y accumule. Sur certains départs le public est complètement absent, comme au 13, et ça fait du bien. Ça permet de se mettre bien dans sa bulle.

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Pourquoi l’Amen Corner est si difficile ?

À chaque fois que je jouais le début du retour, je ne pensais pas à l’Amen Corner. Pour moi, aucun trou n’est à prendre à la légère.

Honnêtement le seul trou vraiment difficile de l’Amen Corner est le 11. Après le 12 est un « petit » par 3 magnifique où il faut taper fer 9 ou 8. Le dernier jour j’ai même tapé un Pitch. Ce qui le rend compliqué est que le green est tout petit et le vent tourne beaucoup. Lors du troisième tour par exemple j’ai tapé un coup parfait qui est resté 10 centimètres trop court dans le bunker. Je me suis retrouvé avec un très mauvais « lie » et j’ai pris double sur ce trou.

Comment as-tu vécu tes parties avec Bernhard Langer et qu’as-tu appris de lui ?

Il n’y a pas grand chose à dire sur Bernhard Langer à part que c’est un grand champion et une personnalité très respectée. Il était super gentil avec moi tout au long de la semaine et des mots sympas après le deuxième tour. Sa façon d’aborder le parcours était très impressionnante. Même s’il était environ 40 mètres derrière moi après les drives, son jeu de fer était incroyable et il a planté tous les mats, un truc de dingue. Il connaît parfaitement son jeu et n’essaie pas de frapper plus fort pour gagner quelques mètres. Il reste fidèle à sa stratégie du 1 au 18. Très impressionnant !

Quel moment personnel va spécialement rester dans ta mémoire?

Mon meilleur moment est clairement mon coup de wedge que j’ai rentré lors du deuxième tour au trou 15. Je ne sentais pas aller chercher le green en deux. Il me restait donc un coup de 58 mètres vent contre. La balle a rebondit une fois et puis elle a disparu dans le trou. Sur le coup, j’étais un peu choqué par la réaction du public et ne m’attendais pas à ce qu’elle rentre. Il m’a fallu quelques secondes pour réaliser… C’est unique, j’aurais aimé que ce moment dure 10 ou 15 secondes de plus ! Ca s’est passé super vite et j’en tremblais encore au départ du 16.

Quel est ton trou préféré à Augusta ?

Pas évident de choisir un trou en particulier à Augusta. En tenant compte de mes expériences personnelles je vais dire le 15 et le 16.

Quels sont les moments de l’histoire du Masters qui t’ont le plus marqués ?

Le coup de Wedge de Bubba Watson en playoff (2012) me vient tout de suite à l’esprit. J’ai été voir l’endroit et c’est juste dingue comment il a réussi à toucher le green. Après, la victoire de Tiger Woods avec 12 coups d’avance en 1997 en étant +4 après 9 trous est aussi un grand moment qui m’a marqué en tant qu’enfant.

Qui est ton favori pour gagner le Masters cette année ?

Jordan Spieth.

Comment as-tu abordé ton retour sur le Challenge Tour après une telle semaine ?

L’année dernière mon objectif principal était de terminer la saison dans le top 15 du Challenge Tour pour avoir ma carte sur le Tour Européen. La semaine après le Masters, j’ai participé à un tournoi du Challenge Tour en Egypte et j’ai eu l’impression de jouer une partie entre amis, mais je me suis très vite focalisé sur mes objectifs.. Cette expérience au Masters m’a fait beaucoup de bien et m’a permis d’emmagasiner beaucoup de confiance après avoir réussi à rivaliser avec les meilleurs du monde. Ca a été important pour me libérer et bien jouer pendant le reste de la saison.

Si tu pouvais choisir entre gagner le Masters ou gagner la Ryder Cup en France, que choisirais-tu ?

Wow c’est une question difficile pour terminer, mais je vais opter pour la Ryder Cup. Ce serait sûrement un moment unique dans ma vie de jouer et espérons gagner la Ryder Cup en France.

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